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ENQUÊTE /PÊCHE ILLÉGALE : LES CÔTES IVOIRIENNES PRISES EN OTAGE PAR DES PÊCHEURS CHINOIS

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Depuis 2019, les poissons de mer se font de plus en plus rares sur les marchés locaux en Côte d’Ivoire, principalement des villes côtières. Ce constat est fait par les amateurs de poissons et de crustacés. Un détour dans le marché de Grand-Bassam révèle une pénurie de poissons frais. Pour remédier à la pénurie de poissons frais sur les marchés urbains, les populations assistent à un déferlement de poissons congelés sur les étalages des vendeuses. Cette situation retient l’attention. À quoi est due cette pénurie de poissons sur les marchés nationaux ? Notre équipe a enquêté. 
 
Une présence des bateaux chinois qui suscite des inquiétudes
Les pêcheurs locaux sont unanimes, Tous les jours, de nuit comme de jour, des navires gouvernés par des armateurs battant pavillon chinois sont de plus en plus présents sur les côtes ivoiriennes. Selon l’ONG internationale Greenpeace, il y avait à peine une dizaine de navires le long des côtes africaines en 1985. Aujourd’hui, ce sont plusieurs centaines de gros chalutiers qui raclent les fonds des eaux ouest africaines pour emporter leurs différentes prises vers la Chine. En contrepartie des poissons frais qu’ils amassent pour servir leurs consommateurs chinois, ils déversent leurs poissons congelés, gavés dans des aquariums avec des produits chimiques, sur les marchés ivoiriens.
Déjà en 2017, l’ONG Greenpeace tirait la sonnette d’alarme en dénonçant « le pillage éhonté des eaux africaines avec plus de quatre cents (400) navires qui réalisent des prises annuelles qui s’élèvent à un montant de 400 millions d’euros soit 260 milliards de francs CFA». Toujours selon l’ONG internationale, en général, plus de 70% des bateaux de pêche chinois présents en Afrique se trouvent au large des côtes ouest-africaines. 40% des poissons y sont pêchés illégalement. Des pratiques attribuées en grande partie aux chalutiers chinois. Pourquoi les pêcheurs chinois prennent-ils d’assaut les côtes ivoiriennes ?
La chine a 1,4 milliards de consommateurs à satisfaire en poissons. Cette situation fait que la plupart des stocks de poissons bordant les côtes chinoises a drastiquement baissé sous l’effet de la surpêche et de l’industrialisation, contraignant ainsi les navires chinois à s’aventurer de plus en plus loin pour remplir leurs filets. 
Selon le rapport de l’analyse mondiale « Tendance dans le secteur du poisson en Chine 2017 de l’Agriculture et agroalimentaire au Canada, publié par le Secrétariat de l’Accès aux marchés du Canada daté d’octobre 2017 », le poisson et les fruits de mer biologiques gagnaient en popularité parmi les consommateurs chinois. La plupart de ceux-ci préfèrent les produits naturels et exotiques en raison de leurs qualités supérieures. « La Chine a trouvé au large des côtes de l’Afrique de l’Ouest des eaux peu surveillées. Cela favorise la prolifération des navires de pêche étrangers dans cette région, où ils opèrent parfois dans l’illégalité. La surpêche est donc rapidement devenue une réalité », déplore Frédéric Le Manach, directeur scientifique de l’association Bloom.

La pénurie de poissons donne naissance au ‘’poisson américain’’
Maricha est une bourgade encastrée entre la mer au sud et la Lagune Ebrié au Nord, à quelques encablures du village d’Azurretti, à Grand-Bassam. C’est un village de pêcheurs qui est composé de cases en paillotes embellissant une architecture pittoresque. La promiscuité gouverne ce bourg d’environ 1000 âmes. 
Sur la plage, des “Héba ! Aho ! Aho ! Héba ! Hé !” se font entendre. Ce sont des chants d’encouragement fredonnés par une horde de pêcheurs immigrés togolais, ghanéen et autochtones ivoiriens. Ils sont une dizaine à tirer de l’inspiration de ce cri de guerre pour résister au courant d’eau qui les traîne à vue d’œil vers la mer. Ils tirent sur une corde raide à intervalle irrégulier, le temps pour eux de prendre des forces. Si ces pêcheurs locaux tirent sur le filet, comme ils le disent dans leur jargon, « s’ils jouent le filet à terre », c’est parce qu’il n’y a plus de poissons. Ils sont contraints de s’aventurer en haute mer. Chose qu’ils ne peuvent faire, faute de matériels adéquats. 


Jean Cédric pêche depuis ses 8 ans, âgé aujourd’hui de 32 ans, il est catégorique : « Il n’y a plus de poissons ». Un tel pessimisme est accentué par Diahon Marie Diatou, originaire du Ghana, la quarantaine révolue est femme de pêcheur. « Quand nos maris vont en mer, ils ne rapportent plus rien. Il n’y a plus de poissons dans la mer. Les Chinois sont venus tout gâter », s’hérisse-t-elle, avant de montrer une insignifiante récolte de la pêche de la veille. Aux termes de tant d’efforts fournis et de temps perdu, ce sont six poissons qui ont été capturés. Six poissons dont un gros capitaine d’une trentaine de kilos ainsi que cinq poissons maquereaux. « Avant, ils pouvaient revenir avec trois ou quatre poches remplies de poissons. Aujourd’hui, cela est réduit à une ou deux. Parce que les Chinois sont venus tout racler dans la mer », se plaint-elle. Sur ses grilles à fumer, pas de poissons. Et pourtant, dit-elle, il fut un temps où les grilles étaient bondées de poissons. Elle fumait du poisson jusqu’à épuisement. La pauvreté et la famine sont aux portes du village. Une situation d’extrême misère pour laquelle les conséquences de la pénurie de poissons sont désastreuses. Moins de poissons signifient pour ces pêcheurs, pas d’argent, pas de moyens de scolarisation pour les enfants, pas d’assurance maladie. 
Toujours sur le marché de Grand-Bassam, comme la pénurie est grande, la pression monte. Bonzo Viviane décrit une situation alarmante. « Voilà cinq ans qu’il n’y a plus de poissons. Aujourd’hui, ce sont les petits poissons que je vends à 100 FCFA le tas. Auparavant, je gagnais entre 10 et 15 paniers de poissons, mais maintenant je n’en gagne qu’à peine deux paniers », se désole-t-elle. Dans cette atmosphère, les vendeuses se lancent des jurons, des injures, des menaces de tout genre. Les paroles sont dures, les regards sont vifs et la tension est tangible. Réclamer du poisson frais, dans ce marché, est un crime de lèse-majesté. La pénurie de poissons amène les vendeuses à rivaliser d’ingéniosité pour s’offrir leur pitance quotidienne. Sans foi ni loi, certaines ont recours à une pratique peu recommandable appelée : « le poisson américain », qui est plastronné sur les étaux au marché de Grand-Bassam. D’origine ghanéenne, Akossia Georgette explique la stratégie « Le poisson américain », c’est une technique, précise-t-elle, qui consiste à badigeonner sciemment les poissons congelés avec du sable de mer pour donner l’illusion de poissons tout droit sortis de l’océan. Ainsi, les clients moins vigilants n’y voient que du feu.

Les pêcheurs chinois tenus pour responsables de la pénurie de poissons dans les localités côtières 
Tout comme Grand-Bassam, la pénurie de poissons est à l’origine de la précarité de la vie des pêcheurs. Cette misère des pêcheurs locaux est accentuée par la pêche illégale réalisée par les armateurs chinois. Les conséquences de cette pratique sont pesantes. Dans le village de Maricha, les pêcheurs sont au chômage, contraints de rester à la maison. Et pourtant, ils n’ont que la pêche comme gagne-pain.  
Âgé de 48 ans, Ayabi Richard, pêcheur n’arrive plus à joindre les deux bouts. Comme chaque jour, il s’agite comme un diable pour justifier son titre de chef de famille. Lui, aussi, porte un doigt inquisiteur sur les dégâts de la pêche illégale pratiquée par ses pairs chinois. Ces marins chinois agissent ainsi au mépris de l’arrêté du 31 octobre 2006 portant organisation de la Direction des productions halieutiques réglementant la pêche maritime, lagunaire, continentale et d’aquaculture. Ayabi Richard dénonce même le vol de prises des pêcheurs locaux par des navires chinois sur les côtes ivoiriennes ; surtout que le dispositif de pêche comprenant les filets, les plombs et les flotteurs, dit-il, coûte la rondelette somme de 15 millions de francs CFA sans pirogue, sinon 20 millions de francs CFA la pirogue y compris. « Auparavant quand on allait en mer, on faisait une bonne partie de pêche. On rentrait avec beaucoup de poissons. On vendait nos récoltes jusqu’à ce qu’on soit fatigués. Tellement, il y avait des poissons à vendre. On était donc obligés de faire appel à des acheteurs venus du port de pêche d’Abidjan. Ils pouvaient acheter pour 4 à 10 millions de francs CFA de poissons notamment de brochets, capitaines, thons blancs, etc. Mais aujourd’hui, sur une période d’une semaine, il est impossible de réaliser cette performance », s’indigne ce père de 4 enfants avec une voix pleine de mélancolie. 
Ce jour-là, dans le village de Maricha, un cahier ouvert, un jeune tenant à peine un stylo, griffonne des chiffres, fait des calculs qui ne concordent pas avec ceux de son chef Ayabi Richard. D’une voix, Ayabi Richard lui intime l’ordre d’arrêter. Il s’agissait de partager le butin de 300.000FCFA de la partie de pêche de la veille à 60 pêcheurs. Ce casse-tête chinois se solde par un ratio de 5000FCFA par pêcheur émigré. Une somme d’argent très insignifiante de ces chefs de famille qui ont au moins 6 personnes à sustenter.  
L’activité touristique quant à elle, tributaire de ressources halieutiques dans cette localité, semble fortement ébranlée. En témoigne N’Guessan N’Damoin, restaurateur depuis 17 ans et responsable de « La bonne fourchette » de Grand-Bassam, qui dit avoir aperçu des pêcheurs asiatiques pêcher à quelques mètres de son réceptif hôtelier. « Les bateaux chinois arrivent. On les voit grâce à la lumière sur les navires. En tout début de cette année 2021, il y en a un qui est venu jusqu’à 50 mètres du rivage pour pêcher. Nous ne sommes pas pécheurs mais c’est un manque à gagner pour nous, les hôteliers. Quand les pêcheurs locaux rentrent de la pêche, ils nous livrent leurs poissons. Nous avons des produits frais que nous proposons à nos clients », confirme-t-il l’impact de la pénurie de poissons sur les hôteliers, avant de révéler les dégâts sur l’environnement : « La mer est vide aujourd’hui. Les pêcheurs chinois doivent respecter la législation sur la pêche et leurs confrères locaux doivent être formés ». La formation des pêcheurs ivoiriens locaux est essentiellement afin qu’ils respectent le repos marin et le cycle de reproduction des poissons pélagiques. 

À Jacqueville, dans le village d’Akrou, 60 km d’Abidjan, même son de cloche. Le secteur de la pêche est sinistré. La seule poissonnerie du village est fermée. Signe que l’activité de pêche est essoufflée. Nous rencontrons Atchô Albert qui nous parle de la même souffrance des habitants à consommer du poisson frais. « Aujourd’hui, on n’a plus de poissons pour notre consommation locale. On est obligé de se rabattre sur les poissons venus de la Chine. Mais ces poissons qui y viennent, dans quelles conditions sont-ils élevés ? On ne sait pas ?», affirme Atchô Albert, fils du village d’Akrou. 
Si ces pêcheurs jadis friands de poissons frais sont contraints de consommer des poissons congelés, c’est la faute, dit-il, aux nombreux bateaux inconnus qui pêchent dans les environs. Il a fallu attendre que l’un de navires qui pêchent au large échoue sur la plage en 2019 pour que ces villageois découvrent l’identité de ces squatteurs. « J’ai vu un bateau sur lequel les occupants criaient à l’aide. Ils étaient quatre Chinois et l’équipage était composé d’Africains. Il y avait un Ghanéen et quelques Ivoiriens. Les jeunes du village sont allés leur porter secours. Ils ne savaient pas nager. Des pêcheurs qui ne savaient pas nager. Quand ils ont été secourus, nous avons fait appel aux autorités administratives et politiques ainsi que la gendarmerie de Jacqueville. Nous leur avons remis nos hôtes. Après le contrôle de leurs identités, les gendarmes nous ont fait savoir que nos infortunés étaient d’origine chinoise, ghanéenne et ivoirienne. En trois semaines, la mer a englouti les épaves du bateau », se souvient-il. Des pêcheurs chinois dont la présence suscite la peur et l’angoisse. C’est la raison pour laquelle Beugré N’guessan, premier Notable du village d’Akrou, lance un appel aux autorités ivoiriennes pour régler le problème qui touche à l’écologie, à la biodiversité et l’économie. 
Par ailleurs, située à 400 km de la capitale économique ivoirienne, la ville côtière de Grand-Béréby n’est pas exempte de l’invasion des pêcheurs chinois. Tout comme à San-pédro, à Jacqueville ou à Grand-Bassam, le tableau est identique. Pour V. T, mareyeuse, la pénurie de sa matière première se fait de plus en plus sentir. « Il y a quelques années, on achetait 3 à 4 bars blancs (sosso) à 1000FCFA. Les spécimens un peu plus gros se vendaient 3 ou 4 à 2000FCFA. Mais aujourd’hui, ils coûtent 5000 FCFA. Cela parce qu’il n’y en a plus », commente-t-elle. 
Les conséquences écologiques, économiques et sociales sont désastreuses. Selon Greenpeace, la pêche illégale (pas seulement chinoise) coûterait chaque année à l’Afrique de l’Ouest plus de 1100 milliards de FCFA. Un manque à gagner qui pénalise non seulement les économies de la région mais aussi la pêche artisanale et les millions de familles qui en vivent.
 
Des accords de pêche inexistants entre la Côte d’Ivoire et la Chine
Selon l’Union Européenne, le premier accord de pêche entre la Côte d’Ivoire et l’Union européenne date de 1990. Après le protocole de 2013-2018, le nouvel accord de pêche 2018-2024, d’une durée de six ans, donne accès aux eaux ivoiriennes à 36 navires de l’Union européenne, offrant ainsi au secteur de la pêche européen des opportunités à la fois rentables et durables. Qu’en est-il de la Chine ? Lu Jun, conseiller économique et commercial de l’ambassade de la République populaire de Chine en Côte d’Ivoire, dans un entretien téléphonique précise : « La coopération de la Chine en matière de pêche n’occupe pas une grande proportion dans la coopération bilatérale entre la Côte d’Ivoire et la Chine. C’est la vérité. Il n’y a que 3 ou 4 entreprises chinoises de pêche installées en Côte d’Ivoire. Je sais que la Côte d’Ivoire a signé une convention avec le Japon, l’Union Européenne (UE), la France, etc. votre ministère des ressources halieutiques à la liste des partenaires coopérants, il n’y a pas la Chine sur cette liste ». Alors la question se pose de savoir si la Chine a signé un accord de pêche avec la Côte d’Ivoire ? Comment se fait-il que les navires chinois pullulent dans les eaux ivoiriennes ? Le Colonel Bina Fofana, DG de la pêche maritime répond que ce sont des opérateurs chinois qui ont créé des sociétés ivoiriennes. Ce sont donc des navires « ivoirisés » qui naviguent et pêchent dans les eaux ivoiriennes.  “Ce sont des opérateurs chinois qui sont venus créer des sociétés ivoiriennes. Quand on parle de coopération, ce genre de navires ne rentrent pas dans la coopération. C’est-à-dire si on doit parler de coopération avec la Chine, il faut que ce soit des navires qui battent pavillon chinois, en ce moment-là, on va vérifier. On dit aux gens où ils doivent travailler. Par exemple, ils ne doivent pas faire de transbordement en mer. Donc, si les gens vont au-delà de ça, c’est ce sont des choses que nous devons chercher à traquer et que nous faisons tous les jours. Le principal syndicat des marins pêcheurs, SYMAPECI (syndicat des marins pêcheurs de Côte d’Ivoire), fort de 7000 membres, prend le contrepied des arguments du Colonel Bina Fofana. Selon le Capitaine Dakoury Jean de Dieu, SG du SYMAPECI, des licences de pêche artisanale sont délivrées à des chalutiers chinois qui, selon les normes internationales, sont des navires adaptés pour la pêche industrielle. Il sort de son attaché-case, une attestation d’assurance corps de navire daté du 29 juillet 2020 sur laquelle il est écrit : « Nous soussignés, SONAN GENERALE ASSURANCES CÔTE D’IVOIRE certifions que le navire HAI LONG est titulaire d’un contrat d’assurance corps de navire de pêche artisanale pour une période allant du 31/07/2020 au 30/07/2021 à minuit, sous le numéro de police 20873 selon les stipulations figurant aux conditions ci-après : Caractéristiques du bateau : nom : HAI LONG 2. Armateur : HAI LONG. Type : Chalutier. Moteur : Zibo  Diesel. Coque : acier. Immatriculation : AN 1626. Longueur/Largeur : 27m/5m. Puissance : 480 Kw. Catégorie de navigation : 5e». Comment comprendre qu’un chalutier (bateau industriel) peut obtenir une licence de pêche artisanale ? Le capitaine Dakoury Jean de Dieu, SG du SYMAPECI soutient avec véhémence l’existence d’une mafia qui tire les ficelles au sein de l’administration ivoirienne. 

@Fac-similé d’une licence de pêche industrielle 

Une mafia qui entretient la corruption dans le secteur de la pêche.
Face à la destruction de l’écosystème marin ivoirien par la pêche illégale non déclarée et non réglementée (pêche INN), le Capitaine Dakoury Jean de Dieu, SG du syndicat des marins pêcheurs de Côte d’Ivoire (SYMAPECI), s’est érigé en défenseur pour interpeller les autorités ivoiriennes sur la gravité de “la pêche INN”. Il va plus loin en dénonçant l’existence “d’une mafia qui entretient une corruption dans le secteur de la pêche en Côte d’Ivoire”. Il dit craindre pour sa vie. Le siège de son syndicat a été fermé après une mise en demeure. Certains de ses lieutenants et lui-même sont désormais privés d’accès au Port autonome d’Abidjan. Pour le réduire au silence, cette mafia, dit-il, serait à la base du cambriolage perpétré à son domicile dans la commune de Yopougon. Sa maison serait cambriolée dans la nuit du 30 au 31 octobre 2021. Au vu de la menace qui pèse sur lui, il s’inquiète pour sa sécurité. Ce sujet de la pêche illégale est une préoccupation majeure qui amène des journalistes à s’intéresser à ce phénomène. Marcelle Aka, journaliste ivoirienne a enquêté et son constat est sans équivoque. « Il existe une mafia dans ce secteur.
Au niveau du gouvernement, comment les licences de pêche sont-elles délivrées ? Il y a aussi la guerre entre les pêcheurs artisans et leurs confrères de la pêche industrielle », révèle le journaliste spécialiste de la pêche. Dans une requête en date du 2 décembre 2021, avec copie à la Commission d’Accès à l’Information d’Intérêt Public et aux Documents Publics (CAIDP), nous avons joint Pascale Kouamé, conseiller technique pour lui demander des réponses aux accusations dont le ministère des Ressources animales et Halieutiques (MIRAH) faisait l’objet dans la délivrance des licences de pêche. Ces questions sont les suivantes : 
-Le MIRAH (Ministère des Ressources animales et halieutiques) est accusé de délivrer des licences artisanales à des chalutiers chinois qui font de la pêche industrielle dans les eaux ivoiriennes. Que répondez-vous ?


-Le MIRAH (Ministère des Ressources animales et halieutiques) est également accusé d’alimenter une fraude dans la délivrance des licences de pêche. Qu’en dites-vous ?
Notre interlocutrice nous a répondu qu’elle n’était plus à ce poste dans ce ministère. Elle nous a renvoyés vers son remplaçant Ibrahim Diakité que nous avons joint par téléphone. Ce conseiller technique nous a demandé de déposer un courrier physique au cabinet du ministère des Ressources animales et halieutiques (MIRAH). Nous lui avons expliqué qu’au regard de la loi n°2013-867 du 23 décembre 2013 portant sur l’accès à l’information d’intérêt public, il était l’interface chargé de donner les informations demandées. Mais, malgré nos explications pour lui faire entendre raison, avant que nous mettions sous presse cette enquête, nous n’avons pas obtenu la réaction du MIRAH (Ministère des Ressources animales et halieutiques) sur les accusations portées contre elle dans le cadre de la délivrance des licences.  

@Fac-similé d’une attestation d’assurance corps de navire 

L’impuissance des gardes côtes ivoiriennes
Si les prédateurs prolifèrent dans ces fonds marins surexploités, c’est parce qu’il n’y a pas de moyens logistiques et humains pour les en empêcher. Conséquence, les garde-côtes laissent libre cours à cette pêche illégale. « Tous ces pays disposent de services de contrôle chargés de la surveillance. Ils ont quelques vedettes. Mais il faudrait beaucoup plus de moyens et une collaboration au niveau sous régional pour une harmonisation des sanctions et des réglementations au niveau de la sous-région », explique Ibrahima Cissé, responsable de campagne Océan à Greenpeace Afrique, basée à Dakar.

En Côte d’Ivoire, précisément à Grand-Béréby, les agents de la police maritime ne disposaient d’aucune navette pour surveiller les côtes jusqu’en septembre 2021. Ils ont été rendus opérationnels par l’Etat ivoirien qui les a dotés d’une navette. Comme une goutte d’eau dans l’océan, ce bateau a soulagé un tant soit peu les gardes côtes déjà habitués à travailler avec des outils désuets comme des loupes de longues portées. Ces moyens moyenâgeux qui ne limitaient leurs actions qu’à des patrouilles pédestres au bord des plages.  
Cette nuit du samedi 11 décembre 2021, à Grand-Béréby, le Lieutenant Maxime Guivé et ses hommes de la Police Maritime s’apprêtent pour une patrouille de routine en mer avec son unique bateau. « Ce soir, ce sont des instructions que je donne à mes éléments avant la patrouille. Cela consiste à contrôler les pièces administratives relatives aux engins comme la licence de pêche industrielle, la visite technique et le livret maritime », confie le chef d’antenne maritime de Grand-Béréby, avant de lancer ses hommes sur l’océan. 
Conscients des ravages de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée pratiquée par les armateurs chinois, le préfet de région de San Pedro, préfet du département de San Pedro, tape du poing sur la table pour mettre fin au phénomène. Un arrêté préfectoral sanctionne désormais la pêche illégale dans cette région. 
« Ce sont les actions antérieures qui font qu’aujourd’hui le constat est triste. Quand on sait qu’il y a quelque temps les chalutiers ont raclé le fond de l’océan. Beaucoup de dégâts ont été occasionnés. Aujourd’hui, avec toutes les actions qui sont mises en œuvre pour préserver l’océan, nous ne pouvons que penser à des lendemains meilleurs. Ces actions viennent juguler la pêche illégale », fait savoir Vah Maudri Victoire, Sous-préfet de Grand-Béréby. 
Au plan régional, des États se mobilisent pour faire barrage à la pêche illégale. 


Selon Séraphin Dédi Nadjé, SG du CPCO (Comité de pêche centre-ouest du Golfe de Guinée), les actions communes sont envisagées pour des patrouilles mixtes dans les eaux ouest africaines ainsi que la formation des inspecteurs pour assurer le respect des normes internationales sur les bateaux en mer. « Un tiers de la production que nous avons est illégale, et échappe à l’économie des pays de la région. « On se rend compte que la ressource au débarquement n’est plus comme par le passé. Il y a une baisse tragique des produits dans nos zones de production dans tous les pays », reconnaît l’expert ivoirien du CPCO.  

Retour à Grand-Bassam. 


Assis sur une pirogue renversée, Ayabi Richard scrute l’horizon – peut-être pour attendre de l’aide – une aide qui viendra de qui ? Un regard perdu dans le vide qui traduit l’impuissance. 
Il faudrait que les autorités ivoiriennes croisent véritablement le fer contre la pêche illégale pratiquée par les pêcheurs chinois. Il faudrait aussi sensibiliser les acteurs locaux de la pêche à se départir de pratiques nuisibles de pêche en empêchant les bateaux battant pavillons étrangers non conventionnés avec l’État de Côte d’Ivoire à s’abstenir de draguer le fond marin dans les eaux ivoiriennes. 


Selon le ministre des Ressources animales et halieutiques (MIRAH), Sidi Tiémoko Touré qui s’exprimait au cours d’un atelier sur la planification de la chaîne de valeur de l’aquaculture du tilapia, le 8 décembre dernier au CAMPC (Centre africain de perfectionnement des cadres) le poisson serait la principale source de protéines du consommateur ivoirien avec 24,9 kg par habitant alors que la production locale tourne autour de 5000 tonnes, à peine 20% sur un besoin estimé à 600 mille tonnes.  Pour satisfaire la demande de consommation, la Côte d’Ivoire est obligée d’importer 325 milliards de francs CFA de produits halieutiques notamment du poisson tilapia chaque année. 
Une somme de 325 milliards de francs CFA qui aurait permis la construction d’écoles, d’universités, d’hôpitaux, le financement de plusieurs projets pour des jeunes. 

Équipe d’enquête
François M’BRA II
Ella DJIGUIMBE
Check KONE
Patrick KROU

Projet PAGOF financé par CFI & Expertise France

*Filiale du groupe France Médias Monde, CFI agit pour favoriser le développement des médias en Afrique, dans le monde arabe et en Asie du Sud Est.

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[Chronique ] Sahabo : Une communauté en quête de renouveau

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Il était une fois, au cœur de la terre des ancêtres, un village nommé Sahabo ( commune de Yamoussoukro) berceau d’histoires anciennes et de destins croisés. Parmi ses grands chefs, feu Nanan N’Guessan M’BRA qui s’est dressé tel un roc. Il a régné avec sagesse et bienveillance sur ses terres pendant près de six décennies, de 1958 à 2016. Son règne fut marqué par la prospérité, l’harmonie et la paix, mais comme toute bonne série, il y a toujours une suite.

Après le départ de ce grand chef, vint le règne de Nanan Kongouet II. Malheureusement, son règne fut aussi bref qu’un souffle de vent dans la savane. Parti trop tôt mais il a apporté ce qu’il pouvait. Après son décès ,des germes de conflits se présentèrent .

Les tensions montèrent crescendo, tel un feu de brousse incontrôlable, et finirent par éclater . Sahabo n’est plus le havre de paix d’antan. Les fils et filles du village se regardent désormais en chiens de faïence, oubliant les rires et la solidarité de l’ancien village. [ Hélas les anciens sont tous morts] . Les projets de développement, balayés d’un revers de la main, ont laissé la place à la désillusion et à la méfiance.

Le jeune Sahabolais, en quête d’un lopin de terre pour bâtir un toit , se retrouve perdu dans ce tourbillon d’incertitudes. La gouvernance est sur toutes les lèvres. Elle alimente les conversations animées sous les manguiers centenaires du village. La cantine de l’école, symbole de l’éducation fut elle-même touchée par les tumultes de l’époque. Elle est restée fermée pendant quatre ( 4) longues années.

Mais voilà que se lève Jackson M’BRA, le président des jeunes sortant, tel un chevalier moderne au secours de sa communauté. Avec bravoure et détermination, il offre une nouvelle cantine flambant neuve, apportant ainsi un souffle d’air frais et un grand soulagement à tous.

Pendant ce temps, la Mutuelle de Développement du village ( MUDESA) somnole et continue de somnoler, telle une belle endormie attendant le baiser du prince charmant pour se réveiller. Les projets de développement attendent impatiemment dans les tiroirs. Les jeunes se remobilisent sous la houlette de Gilbert Dekongouet, le nouveau président des jeunes de sahabo , également président de la jeunesse communale de Yamoussoukro. Un jeune visionnaire en qui les populations ont aussi de l’espoir.

Mais la question demeure: à quand le grand jeu ? Quand Sahabo retrouvera t-il sa splendeur d’antan, sa cohésion et sa prospérité d’antan ? Les habitants de Sahabo sont assoiffés de développement, désireux de tourner la page sombre de leur histoire récente pour écrire un nouveau chapitre, empreint d’unité, de solidarité et de progrès.

Les jeunes du village, porteurs de rêves et d’ambitions, se mobilisent de plus belle, prêts à relever les défis qui se dressaient devant eux.
Gilbert Dekongouet, le nouveau fer de lance de la jeunesse sahabolaise, incarne cet esprit de renouveau et de détermination. Avec son charisme et sa vision claire, il rassemble les énergies et les idées.Il guide la jeunesse vers un avenir, où chacun a un rôle clé à jouer.

Les rires et les chants vont bientôt résonner à nouveau sous les grands manguiers en l’absence du baobab. Sahabo va bientôt reprendre le cours normal de sa vie, espérant que les discussions autour de la gouvernance se feront plus constructives, les projets reprendront vie, nous en sommes certain.

Les filles et fils du village se redécouvriront, se pardonneront mutuellement les torts du passé pour avancer ensemble vers un destin commun, empreint de paix, de solidarité et de prospérité.
Ce nouveau chapitre sera empreint de résilience, d’unité et de confiance en un avenir meilleur.

Que Sahabo continue son chemin vers le développement et la prospérité, porté par la flamme de l’unité et de la solidarité qui brûle en chacun de ses habitants.

François M’BRA II, analyste, fils de Sahabo

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Les vols de bétail inquiètent aux frontières nord de la Côte d’Ivoire

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Le vol de bétail devient récurrent sur la bande frontalière nord de la Côte d’Ivoire. Et ce, au moment où l’extrémisme violent menace.  A Doropo, frontière avec le Burkina, on se pose des questions…

L’économie de Doropo, outre l’agriculture, repose sur le bétail. La population dépend étroitement de l’exploitation des ressources animales. Aujourd’hui, les éleveurs sont contrariés dans leur activité par de nombreux vols de leur bétail. Faut-il s’en inquiéter ? Quand on sait que les groupes armés ont souvent profité des tensions préexistantes pour exporter l’extrémisme violent. Ainsi que les activités illicites tels les trafics de drogue et de médicaments. Une stratégie utilisée pour financer leurs opérations et accroître leur influence au sein des communautés locales.

La dégradation de la situation sécuritaire au Burkina Faso a accentué le phénomène de vol de bétail dans le nord de la Côte d’Ivoire plus précisément dans la région du Boukani. Alors que le vol du bétail s’intensifie, l’activité du parc à bétails de Doropo ainsi que la transhumance transfrontalière semblent en pleine effervescence. Doropo (région du Bounkani, nord-est de la Côte d’Ivoire), dernière commune de la Côte d’Ivoire est à 12 km de la frontière avec le Burkina Faso. Dans cette localité, on retrouve le plus grand parc à bétail de la région de Bounkani. Ici, l’élevage et le commerce du bétail constituent l’activité principale.

« Vol de bétail là, vraiment ça nous créer trop de problèmes. A cause de ces vols, on ne peut pas avoir la quantité qu’on veut. Alors que la vente de lait de vache est notre principale activité génératrice de revenu. C’est la vente de lait et de bœufs qui nous permettent de subvenir à nos besoins. Honnêtement, ce phénomène nous » explique Barry Karidiatou, présidente de l’Association des femmes peuhl de Doropo, en larme.

La vente de bétail est pourtant bien organisée dans la ville de Doropo. La gestion du parc à bétails est confiée à une faitière, l’Association pour la Gestion du Marché à Bétail de Doropo (AGEMAD). La procédure de vente est aussi règlementée. Le tuteur, appelé ‘’Tèfa’’ en langue peulh et le ‘’Boudja‘’ sont les deux intermédiaires reconnus dans la vente de bétails au parc à bétails de Doropo. Lorsque l’éleveur ou le marchand convoie le bétail au parc, il a l’obligation de s’attacher un ‘’Téfa’’, qui réside à Doropo avec sa famille et connu pour sa bonne moralité.  En plus du premier tuteur, un autre, le ‘’Boudja’’ joue un rôle aussi clé dans la chaine de commercialisation de bétails. Ici, le propriétaire de bœuf ne donne pas de prix. C’est l’acheteur lui-même qui dit le prix auquel il veut prendre l’animal.

Selon le Secrétaire Général de l’AGEMAD, ce processus permet de garantir la provenance des animaux et faciliter les recherches en cas de vol de bétails. « Si après la vente, quelqu’un dire que l’animal vendu a été volé, nous nous referons directement aux deux tuteurs le ‘’ Tèfa’’ et le ‘’boudja. Ceux sont eux qui sont chargés de retrouver le vendeur et le faire venir pour nécessité d’enquête » indique Ballo Djakalia, Secrétaire Général de l’AGEMAD. Le chiffre d’affaires du parc de Doropo, c’est une centaine bœufs vendus par semaine. Ce parc à bétail est donc un point stratégique pour l’approvisionnement en viande. L’essentiel des têtes de bœufs et de moutons du parc viennent du Burkina Faso.

Ravages, chaos, désespoir… des communautés déchirées

Selon un rapport de la DAARA, la structure gouvernementale en charge de mettre en œuvre la politique d’asile en Côte d’Ivoire, il y’a environs 36 mille personnes en majorité des éleveurs qui ont trouvé refuge en Côte d’Ivoire dans la région du Bounkani. Ils ont été obligés de quitter le Burkina Faso sous la menace des groupes armés. Salia, un éleveur demandeur d’asile, originaire du Burkina Faso, province de la Comoé, département de Sidéradougou nous explique son calvaire. « En janvier 2023, il y avait l’insécurité autour de notre province et cela a provoqué des déplacés et comme nous sommes les autochtones de Sideradougou, on les a accueillis. A Sidéradougou, la situation était difficile. Invivable. Plusieurs habitants ont été chassés de leurs terres, leurs récoltes et bétails arrachés ». Selon Salia, un témoin oculaire, désormais déplacé en Côte d’Ivoire.

Les groupes armés ont recours à différentes méthodes pour perpétrer le vol de bétail au Burkina Faso. Ils opèrent à travers des attaques directes, des raids éclairs et des embuscades. Une fois que les populations s’enfuient sous l’effet de la peur, les groupes armés peuvent s’emparer du bétail sans être inquiétés. Ces troupeaux volés sont conduits par la suite vers des sites de commercialisation en Côte d’Ivoire. De plus, ils exploitent souvent leurs connaissances du terrain pour échapper aux forces de défense et de sécurité. Par ailleurs, ces groupes utilisent le bétail volé comme moyen d’obtenir des fonds pour recruter de nouveaux membres et de renforcer leur emprise sur les populations locales.

Sur la bande transfrontalière Burkina -Côte d’ivoire, le département de Doropo est le principal point névralgique du vol de bétail. Pendant la saison sèche moment de pic de la transhumance, les bœufs sont parfois interceptés par des individus mafieux, qui opèrent parfois avec la complicité des bergers. Selon Boubacar Barry, expert burkinabé du pastoralisme, les pertes de bétails sont inquiétantes.

 « En 2020, il y’a eu 1300 bœufs disparus, en 2021 plus de 800 bœufs volés. Au Burkina Faso, on a essayé de globaliser pour dire que dans le grand ouest, il a eu au total 2000 animaux qui ont été volé en 2021 et 2022. Ce sont des chiffres approximatifs » a-t-il indiqué, lors d’un panel sur le vol de bétails, tenu à Bouna (chef-lieu de la région du Bounakani), nord-est de la Côte d’Ivoire.

Ces éleveurs étant désormais des réfugiés, ils doivent repartir de zéro car ayant tout perdu. Il arrive que par moment quelques chanceux parmi eux arrivent à retrouver une ou deux de leurs bêtes dans le parc de Doropo. Comment des bœufs volés au Burkina Faso peuvent ils se retrouver dans un parc officiel en Côte d’Ivoire ? Existe-t-il des complicités ? A ces questions, le silence est requis…

Assis sous un hangar de fortune, Ibrahima Alidjo le regard hagard, ne sait pas où donner de la tête. Le visage marqué par les soucis et la fatigue, ses épaules robustes semblent s’affaisser sous le poids de la déception. Son regard est voilé par la peine et l’incertitude. Sa fierté est ébranlée par cette épreuve. Ibrahim se rappelle des sacrifices consentis pour bâtir cette richesse qui s’est évanouie dans la nature.

Sa principale activité, l’élevage. Mais régulièrement victime de vol des bétails. Ibrahim dit avoir le présentement que ces vols contribuent à nourrir l’extrémisme violent dans la région. Une situation qui crée un climat de peur et d’insécurité parmi la population. Les propriétaires de bétails et les éleveurs vivent dans la crainte constante d’être les prochaines victimes, ce qui affecte profondément leur qualité de vie et leur bien-être psychologique.

Ibrahim Alidjo, n’a jamais retrouvé ses bœufs volés, mais il a récemment vécu une dont il a failli de voleur de bétail. « Résident à Bouna, je suis aussi un tèfa. Des étrangers viennent chez nous avec des bœufs pour qu’on puisse les vendre pour eux. Ils sont venus un jour avec des bœufs, ce n’était pas pour vendre ici. Ils voulaient charger pour l’intérieur du pays. Ils ont été arrêtés. Après partage d’information, les propriétaires des bœufs sont venus récupérer leurs bœufs » a-t-il expliqué.

Bœufs volés, le voyage vers l’intérieur

Les troupeaux de bœufs volés quittent généralement la ville de Banfora au Burkina Faso. Ils passent par la localité de Djigbè-hélintira toujours au Burkina Faso et transitent par Govitan, le premier gros village en terre ivoirienne situé dans le département de Tehini. Le bétail est ensuite conduit à Doropo. Ce trajet est pensé pour éviter les forces de l’ordre.

Sur le chemin qui mène à Doropo, les bœufs volés passent la nuit à Gogo. Cette escale est importante car elle permet à ceux qui convoient le bétail d’obtenir les autorisations sanitaires. Bien évidement ses autorisations sont officieuses et obtenues contre paiement. Les témoignages recueillis auprès des victimes et des témoins oculaires du vol de bétail en lien avec les groupes armés opérant sur la bande frontalière du Nord de la Cote d’Ivoire révèle une situation inquiétante.

Très tôt le matin, après une bonne nuit de sommeil à Gogo, les troupeaux reprennent le chemin pour Doropo ou d’autres localités comme Latrougo toujours dans le département de Doropo. Ce bétail sera embarqué pour être vendu à l’intérieur du pays.

« Le bétail vendu en Côte d’Ivoire vient en grande partie du Burkina Faso Les commerçants achètent les animaux au Burkina Faso et viennent les vendre au parc à bétail de Doropo. D’autres commerçants quittent l’intérieur du pays pour venir se ravitailler ici à Doropo » précise Dicko Aboudramane, marchand de bétail. Une fois dans les parcs à bétail de Bouna et de Doropo ces bœufs sont vendus à des prix très élevés. Le prix d’un bœuf varie entre 400.000f et 1.000.000 Cfa.

Dans le système du marché noir des bœufs volés, les acteurs opèrent en complicité avec certains jeunes des zones frontalières du Nord de la cote d’ivoire, et même des agents des structures étatiques. Ils arrivent à vendre les bœufs à des acheteurs en provenance de plusieurs localités du pays comme, Soubré, Daloa, Abengourou et autres.

Autorités et communautés pour la riposte

                                                                  Photo DR

Face à la menace que représente cette situation, les autorités locales prennent des mesures. Il s’agit notamment du renforcement des effectifs de sécurité dans les zones à risques et la collaboration avec les communautés en vue de surveiller les mouvements suspects. Cependant, Tous nos tentatives auprès de la direction régionale du ministère des Ressources Animales et Halieutiques du Bounkani pour recueillir des informations relatives à la filière bétail ont échoué.

Au-delà des actions des autorités, des initiatives communautaires et des programmes de soutien sont mis en place pour renforcer la résilience des populations affectées.  Ces actions sont entre autres la diversification des activités économiques, la réduction de la dépendance à l’élevage, la promotion du dialogue intercommunautaire, la prévention des tensions et la création d’une plateforme de communication des acteurs de la filière bétails pour la traçabilité de bœufs volés ou égarer.

« Tout animal qui entre sur le marché à bétail, il faut que le propriétaire soit là. On ne reste pas derrière pour faire venir l’animal pour vendre. Le propriétaire de bœuf est présent, on fait le marché en sa présence. Ça veut dire en cas de quelque chose on arrive à joindre toujours celui à qui l’animal appartient. Déjà, il y’a un engagement qui est là. Les animaux, bientôt ils vont prendre des puces » a indiqué Ballo Djakalia, Secrétaire Général de l’AGEMAD.

Selon lui, la vente du bétail en présence de tuteurs et de témoins est une mesure traditionnelle conçue pour contrer les vols et assurer la sécurité des transactions. En impliquant des tuteurs, qui agissent comme garants ou garde-fous, et des témoins, qui attestent de la légitimité de la transaction, on établit un système de vérification et de surveillance qui dissuade les voleurs potentiels. Ces pratiques sont ancrées dans la confiance et la responsabilité communautaires. Elles assurent une certaine transparence dans les échanges commerciaux puis renforcent la confiance entre les parties prenantes.

La lutte contre le vol de bétail en lien avec l’extrémisme violent à Doropo nécessite une mobilisation de tous les acteurs de la filière et des forces de sécurité. Elle intègre des mesures de développement économique, de renforcement de la résilience communautaire et des actions sécuritaire. Cette approche est un bon début pour lutter contre le vol de bétail et éviter les conflits communautaires et barrer la voie aux groupes extrémistes violents.

 François M’BRA II ,  Ouattara Alassane , Dah Sié Hermann,  Hego Ouattara

Cet article s’inscrit dans le cadre du projet résilience pour la paix, financé par le Peuple américain à travers l’USAID et mis en œuvre dans les zones frontalières nord de la Côte d’Ivoire.

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Côte-d’Ivoire : LES GRANDS DÉTOURNEMENTS DE FONDS OUBLIÉS…

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Un journaliste d’investigation ivoirien, dans sa réflexion s’est attelé à questionner le régime actuel d’Abidjan sur la longue liste des détournements de fonds publics sous Ouattara.

« Que fut la suite donnée par le régime à ce détournement ci ?
Pillage de la Côte d’Ivoire: La longue liste des détournements (des milliers de milliards FCFA) du régime d’Alassane Ouattara

LE CAS DE LA GESTOCI : UN ARTICLE DE 2019
LE RASSEMBLEMENT DES HAUTS DETOURNEURS DE DENIERS PUBLICS (RHDP)
GESTOCI : 1000 MILLIARDS DE DÉTOURNEMENTS (PERTES)
LETTRE DU CONTINENT No 795
La Société de gestion des stocks pétroliers de Côte d’Ivoire (Gestoci) figure en tête de liste. Le ministre cherche notamment à identifier les mécanismes ayant occasionné des pertes cumulées évaluées à près de 1 000 milliards F CFA (1,5 milliard €) sur plusieurs exercices au sein de cette structure chargée d’établir les stocks de sécurité de produits pétroliers dans le pays. Abdourahmane Cissé essaie également d’établir les facteurs ayant ramené la période des stocks de sécurité en produits pétroliers dans le pays à seulement deux semaines, au lieu de deux mois théoriquement. DG de la Gestoci depuis l’accession d’Alassane Ouattara au pouvoir en 2011, Ibrahima Doumbia est un cadre du rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), natif de Duékoué (ouest) comme l’ex-ministre du pétrole et des hydrocarbures Adama Toungara


AUTRES CAS?
-En mai 2013, l’affaire des attributions illicites de marchés ou des surfacturations lors des travaux de réhabilitation des universités, notamment celui de Cocody qui a coûté 110 milliards de F CFA , seul le directeur financier du ministère ivoirien de l`enseignement supérieur avait été limogé. L’enquête ouverte à son sujet est restée, à ce jour, sans suite.
http://news.abidjan.net/h/460847.html

-En octobre 2014, un scandale a été lié au voyage du premier ministre, Daniel Kablan Duncan aux Etats-Unis, pour prendre aux assemblées annuelles des institutions de Breton Woods (FMI, Banque mondiale) avait été porté au grand jour. De 250 millions de F CFA ,les dépenses auraient été évaluées à 400 millions de F CFA Dans l’affaire, c’est aussi le directeur financier qui a été limogé par le chef de l’Etat ivoirien, sans qu’une suite soit donnée au dossier.

  • En 2015 , l’histoire des primes impayés des éléphants de CI après leur victoire à la CAN ( 720 millions de français CFA ).
    https://www.jeuneafrique.com/…/cote-divoire-primes-de…/
  • Dysfonctionnements en série à Abidjan et lourds soupçons de détournements entre janvier 2014 et novembre 2015. Un audit confidentiel du cabinet de conseil Deloitte accable la filière ivoirienne de l’anacarde, la coque qui abrite la noix de cajou, dont la Côte d’Ivoire est le premier exportateur mondial avec 625 000 tonnes en 2015, qui ont rapporté cette année-là 337 milliards de francs CFA (514 millions d’euros).
    https://www.lemonde.fr/…/cote-d-ivoire-les-milliards… anacarde après un audit de Deloitte.
  • Détournement de l’indemnisation des victimes des déchets toxiques 62 Milliards
    https://lesjusticiersdunet.com/…/detournements-dechets…/
  • Detournement des inscriptions a l’Université Felix Houphouet Boigny plus de 430 Millions disparu
    http://news.abidjan.net/h/564158.html
  • Detournement du PPU géré par le frere du president Brahima Ouattara plus de 400 Milliards, chose qui a poussé le FMI et la Banque Mondiale a arreté ce programme.
    http://www.rfi.fr/…/20180228-cote-ivoire-entreprises…
    https://www.africaintelligence.fr/…/les-7…/108085558-be1
  • Detournement a la filière Café Cacao plus 500 Milliards
    https://www.afrique-sur7.fr/408133-fonds-cacao-rpci-ac…
    https://eburnienews.net/ouattara-distribue-largent-du…/
  • Detournement de plus 400 milliars aux impôts
    http://monkiosk.com/product.php?productid=48602
    http://www.linfodrome.com/…/36545-vent-de-detournement…

le budget de souveraineté du President 342 Milliards révélé par la lettre du continent. Je rappelle que la présidence avait communiqué pour dire qu’une plainte serait déposé contre la LC. Ou en sommes nous avec celle ci ?

le budget de souveraineté de la Primature, dans lequel le premier ministre puise selon ses envies, nous sommes passés de 14 Milliards en 2012, a 20 Milliards en 2015, et enfin a 30 milliards depuis fevrier 2011. Il passera a 35 Milliards pour l’année 2018 (Lettre du Continent)
https://www.jeuneafrique.com/…/fonds-de-souverainete…/

  • Detournement a la SIR
  • Detournement a la Sotra
  • 1000 Milliards détourné a la GESTOCI (lettre du continent N795)
  • Detournement de l’argent des logements sociaux
  • Detournement de 700 Millions a la Caisse Nationale des caisses d’Epargne, mettant cette société au bout de la faillite.
  • Detournement a la SICOGI
  • Scandale au guichet automobile plus de 20 Milliards de perte
  • Detournement des fonds de l’agro business
  • Le détournement au FDFP 1.6 Milliards
  • Le Budget de souveraineté du prince 324 milliards
  • La structuration pour la réalisation des travaux publics qui ne dure pas plus de six mois
  • L’argent du contribuable utilisé pour satisfaire 8600 assaillants, 12 millions pour chaque rebelles
  • 15 milliards pour l’adoption de la nouvelle0p00p0pp constitution.
  • La structuration du métro d’Abidjan, nous sommes passés de 300 à 912 milliards sans aucune justification. Lettre du continent

Juillet 2021 ; BONNE GOUVERNANCE : PRES DE 500 PERSONNES INCULPEES POUR CORRUPTION, ENRICHISSEMENT ILLICITE, BLANCHIMENT, DETOURNEMENT
https://www.gouv.ci/_actualite-article.php?recordID=12438
Abidjan, le 19 juillet 2021 – Près de 500

28/10/2013 ← Lutte contre la corruption : Quatre hauts fonctionnaires et un opérateur économique déférés devant le Parquet. Pour des pourboires, des responsables du ministère de la Santé ont payé des centaines de millions de Fcfa de factures à deux fournisseurs.

  • Détournement au FER

La liste est loin d’être exhaustive…

CREDIT : GRIOT d’Abidjan »

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